Bonjour, le soleil brille, il fait à nouveau des températures positives et l’on m’annonce que c’est le printemps ! En voilà des bonnes nouvelles.

Les débits reviennent à la normale et il est donc tant de se mettre sérieusement à la pêche !

Mais ne croyez pas que ces derniers temps ont été réservés à la confection de colliers de nouilles… non non ! Mais bel et bien à la recherche des grosses truites de début de saison.

Ce à quoi et on l’a déjà évoqué dans les articles précédents sur la technique… Il a fallu s’armer de patience et de nerfs solides. Je pense que la meilleure chose à faire quand on sort pour faire une « belle » truite, c’est de se donner des objectifs précis avant de partir.

Se rappeler des postes clés où l’on en déjà pris, touché ou simplement aperçu une précédemment. Se dire:

– « Aujourd’hui, je pêche cette rivière, ce secteur précis, pendant 2h30 et je m’y tiens… Je le ponce et ça va rentrer »

Effectivement nous partons toujours, à peu près tous, avec des plans calibrés au millimètre, puis passé la demie-heure de pêche, on est déjà sur autre chose et l’on passe trop rapidement d’un poste à l’autre.

Alors je vais vous narrer les quelques péripéties pour vous motiver à camper au même endroit tel un pêcheur à la mouche imitant le héron pour jouir de l’instant « T » où la belle daignera sortir son nez.

Nous sommes fin mars, j’ai déjà réalisé plusieurs prises correctes et m’en satisfait déjà pas mal… Mais il me manque cette grosse truite, celle qui vous lance une saison. Celle qui vous fait vibrer et vous fait jubiler. Mais les conditions sont encore difficiles, la pluie ne cesse pas de tomber tous les jours et la fraîcheur est belle et bien présente toute la journée. Un temps qui ne donne pas réellement envie de se mettre en plus, en difficulté à la pêche.

Alors, je me dis:

 

– « Mec, aujourd’hui tu pêches gros, tu vas sur ce poste où seule une couleuvre peut y glisser la tête, tu t’écorcheras les mains, les bras et le nez si il le faut, mais tu vas y arriver! »

 

10h30, arrivé sur le dit secteur, j’enfile la tenue de baroudeur, canne en main et commence à me glisser le long des berges dans les bosquets d’épines noires, ronces et autres trucs de qui piquent mais qui, on peut se le dire, masquent très bien le cours d’eau puisqu’ils sont aussi large que ce dernier (5m de douleur – 6m de plaisir aquatique).

Ne pas réfléchir: « No brain, no problem »

 

Après avoir rampé, rager et galérer pour accéder au premier courant, il faut maintenant s’appliquer pour lancer son leurre sans se faire voir puis le faire évoluer correctement dans cette belle veine d’eau marquée. J’insiste, je passe et repasse mon D Contact 72 dans le mètre d’eau à peine qu’il y a. Le débit est encore soutenu pour cette petite rivière et l’eau y est teintée. Mais rien n’y fait, il faut changer de poste, faire machine arrière, ressortir du fourbi et rentrer 20m en amont pour accéder à la seconde veine d’eau propice.

Tel un canard, les jambes fléchies, la démarche fera travailler correctement les cuisses pendant des heures.

 

Il me faudra répéter cette démarche une bonne diazine de fois afin d’enregistrer ma première touche et quelle touche ! Le poisson sort d’un amas de branche à une vitesse folle et vient frapper le leurre à mes pieds, pas le temps de réagir, il est reparti… Je relance et faibli la cadence du leurre en le faisant planer davantage pour lui donner un effet de poisson mort roulant sur le fond. C’est à nouveau la touche, le ferrage… Enfin !

Mais quelle surprise de voir sortir de l’eau un saumon de fontaine à la robe et aux nageoire parfaites. Un individu qui a du être relâché il y a quelques années et qui s’est bien acclimaté à la rivière ma foi.

Nageoires impeccables avec liseré blanc bien marqué et une belle tête bien agressive

 

 

Mais je ne suis pas venu pour ça et d’ailleurs je ne toucherai aucune truite de taille modeste et il est déjà 13h00 soit les 2h30 de pêche que je m’étais donné. Je sens monter en moi l’agacement à chaque accroc des épines dans ma casquette, capuche, épuisette ou nylon. Je peste mais n’oublie pas mon objectif. Alors je ressors une énième fois de l’enfer pour y pénétrer une ultime fois, dans un virage que je connais bien, mon dernier espoir avant d’abdiquer. Je suis posté en aval du poste et j’ai, pour une fois, une fenêtre de tir un peu plus longue. Je vois une branche surplombant le trou où pourrait se ranger une belle truite. Premier lancer parfait, la dérive est excellente…

Où est le pêcheur ? Vous avez 2 minutes…

Rien…

Je réédite 6-7 fois, sans succès. Mais je me convaincs que le leurre passe trop vite et que cette grosse truite, cachée là dessous, n’a pas le temps d’agir. Je tente de laisser tomber le leurre au fond puis le remonter d’une tirée sèche pour le laisser passer parfaitement sous le tas de branches immergées. Bingo ! J’ai entrevu une silhouette et pas des moindres mais ça passe encore trop vite.

Je tente le tout pour le tout en me souvenant des vidéos de japonais utilisant les branches pour y suspendre leur leurre afin de rester au dessus d’un poisson pendant quelques secondes. Je décide de lancer mon D Contact par dessus cette branche qui coiffe le poste et de laisser le leurre couler au fond et évoluer en « porte à faux » depuis l’obstacle… Ce coup ci c’est la bonne ! Notre truite tant recherchée a le temps d’analyser et coffrer mon leurre dans la veine d’eau. Le ferrage est soutenu et le combat débute sèchement en dévalant vers moi. Le soucis, c’est que je suis toujours coincé dans ma « branche support »!!

A cet instant, c’est la galère en plus d’être la panique. Je me demande combien de temps le nylon supportera l’abrasion pendant le combat titanesque de ce tank. Premier coup d’épuisette manqué, deuxième idem, elle me fuit et tourne de partout, je la bride au risque de rompre la ligne et me décide à plonger le bras entier dans l’eau pour passer sous le poisson. Ca y est, elle est dedans et ça vaut bien une « roue-lade » sur la berge pour fêter ça. Une pure merveille, celle que j’étais venu chercher malgré la pluie, les ronces et toute l’énergie qu’il a fallu mettre en se déplaçant à 4 pattes le long des berges.

Les dents de la mer. Un mec à faire pâlir un brochet.

 

 

L’objectif fixé est atteint, prendre une grosse truite ! Une entière satisfaction nous envahit dans ces moments car il ne faut pas croire que ces sessions de pêche sont à chaque fois couronnées de succès. Il y a souvent de la frustration, de la perte de leurres, de l’énervement.

La traque des gros poissons aux leurres est vraiment un but du début de saison avant que les eaux ne s’éclaircissent trop et descendent pour réellement se stabiliser. Il ne faut pas hésiter à pêcher gros et vraiment poncer les veines d’eau à la manière d’un « saumonier  » ou d’un pêcheur de migrateurs. Ce n’est pas la pratique la plus passionnante car les touches sont rares mais nous savons qu’à chaque frappe prise sur la ligne nous aurons un combat digne d’un grand poisson.

Une petite dernière avant de se quitter pour de nouvelles aventures…

Grasse comme une loutre, gavée aux « tricho », vairons et petites truitelles ! Ici, c’est elle la patronne.