15 jours sont passés depuis l’ouverture ce qui nous permet de dresser un petit bilan sur la truite aux leurres en début de saison.

Pour poser les choses, voyons un peu les conditions de pêche… de la pluie, de la neige, du froid (température maximale 10°C) , pas de soleil, une eau à 9°C et encore de la pluie !

 

Un cocktail détonnant pour débuter en difficulté aux leurres.

 

Dans toutes les rivières petites ou moyennes le débit est fort, les veines d’eau sont puissantes et nous sommes parfois un peu désemparés devant notre cours d’eau favoris avec cette question qui revient souvent:

 

– « Mais où peuvent-elles bien être ? »

– « Où lancer ? Où les trouver ? Comment les faire attaquer mon leurre ? »

 

Nous allons essayer d’étudier la chose ensemble.

Déjà, il nous faut trouver une motivation infaillible pour braver le temps et rester concentré. Il va falloir répéter les mêmes gestes, lancer de nombreuses fois au même endroit et garder un flegme à toute épreuve.

Une belle journée commencée sous la pluie… puis la neige (cf: la photo précédente a été prise le lendemain de celle-ci)

En effet, comme déjà vu précédemment, les truites du début de saison sont parfois feignantes et boudeuses, elles ne seront pas encore en capacité à se déplacer de loin pour stopper un leurre en plein courant.

D’ailleurs ce « courant » nous pose souvent problème. Il est rapide, constant et balaye nos leurres tel un ouragan déchainé !

C’est pourquoi je conseille de pêcher lourd en dérive ou cranking et surtout de se montrer (au fond de l’eau pas au bord hein).

Voyons ça de plus près. Une truite calée dans son poste verra passer votre leurre, soyez-en sûr ! Mais en décrochant de son poste de confort pour tenter d’intercepter cette proie, elle ira se mettre en difficulté dans une rivière tumultueuse et vous aurez alors affaire à des touches discrètes ou des suivis sans pour autant concrétiser. Alors insistez ! Relancez, car si ,pour vous, le poste est propice et que vous n’enregistrez aucune touche c’est que vous passez sans doute trop vite et l’analyse du poisson pour déclencher son instinct agressif ne peut sans doute se faire. Dame fario restera bien trop concentrée à tenir sa place dans le jus !

Il faudra passer au plus près d’elle, dans la veine d’eau parfaite. Celle que l’on peut déceler par une petite vaguelette en surface désignant sûrement un obstacle au fond de l’eau assurant une petite zone de calme pour la truite.

Ici de nombreuses ridules marquent les calmes et remous créés par la rivière et les obstacles présents. « Lêchez » les au plus près!

 

Je sens que vous avez saisi ! Effectivement, armez-vous de patience et d’insistance pour trouver cette zone de confort et y glisser votre leurre le plus dérivant possible.

Pour le choix des leurres, ceux qui m’ont rapporté le plus de poissons durant ces 15 jours auront été l’incontournable D-Contact 72 de par son poids et sa densité. Que ce soit en pêche 3/4 amont, en le laissant glisser face à moi, berge opposée, afin de contrôler une dérive vers l’aval par la suite agrémenté de tirées amples canne vers le haut. Ou en pêche 3/4 aval en maintenant sa dérive en démoulinant et le faisant cranker face au courant le long de ma berge, il m’aura rapporter les plus beaux poissons.

Par contre, il faut attacher un réel intérêt au choix des couleurs pour les poissons nageurs. L’eau est teintée c’est une évidence, le leurre est gros certes mais il faut qu’il soit distinctement vu pour être attaqué ! Les coloris « Blanc » , »Argent brillant » ou « Fluo » sont vos meilleurs alliés. Il n’y a pas de raison à se la jouer ninja de l’ombre !

 

Petite astuce pour le D Contact : veillez à le faire évoluer dans toute la couche d’eau pour « lever » le nez des truites postées au fond par des tirées vers le haut mais en prenant bien le temps de laisser retomber le leurre jusqu’au fond ! Les hameçons simples seront vos meilleurs amis pour éviter les accrocs et appuyer les combats souvent violents.

Celle-ci n’aura pas résisté au D Contact 72 #WH lui retombant telle une feuille morte sur le nez.

Autre leurre, la cuillère ondulante. Elle m’a été d’un grand secours quand le poisson nageur passait trop vite. J’ai utilisé la Smith D-S Line pour les petits cours d’eau (6g) et la Smith Pure (9g) pour les rivières moyennes. Là aussi, insistez sur les tonalités fluos ! La cuillère ondulante possède déjà un avantage du fait de sa structure métallique qui envoie de puissants reflets et fend l’eau pour se glisser directement vers le fond. Mais couplé à une note fluo intense tel le vert et le orange, elle deviendra vraiment irrésistible dans les eaux troubles!

De plus elle virevolte davantage et permet donc de balayer un peu plus large.

Par des lancers plein amont, je ramène ma bannière en contrôlant la dérive de l’ondulante en plein milieu de la rivière, dans la zone profonde, puis je la twitch jusqu’à arriver face à moi où je relâche la tension pour la laisser dériver vers l’aval en démoulinant. Quelques twitchs toniques pour la faire revenir à moi seront souvent les déclencheurs d’une attaque de truite qui aura suivi sa proie en se laissant glisser dans le fond de la veine d’eau voyant les reflets de la cuillère imitant un poisson mort emmené par les flots.

 

Astuce: gardez votre scion le plus proche possible de l’eau, les twitchs doivent être rapides mais très courts afin de ne pas casser la nage de l’ondulante ! De petits tremblements de scion suffiront. Et surtout récupérez rapidement la bannière, il faut jouer du moulinet !

 

Il faut garder en tête, qu’en pêchant la truite aux leurres, nous avons tous tendance à pêcher vite et prospecter beaucoup de postes lors de nos sorties. Mais avec toutes instabilités d’eau et de temps les poissons sont calés et il faudra vraiment être insistant lorsque l’on ressent qu’ici, précisément, il y a un coup à jouer.

Si habituellement, on se contente de 3 lancers précis sur un poste, ici, dans de telles conditions il m’est arrivé de lancer une quinzaine de fois en décalant chaque lancer de quelques centimètres pour parvenir à trouver le poisson. Sur de postes que je connais par coeur, je me disais « il est impossible qu’il n’y en ai pas une belle ici, ce n’est pas normal… alors insiste ! Ca va payer ! »

Et quelle n’est pas la surprise quand au 16 ou 17ème passage une lourdeur se fait sentir au bout de la ligne … un accroc ? une branche ? ah non ça bouge !! Touche discrète car le poisson a suivi enfin la dérive du leurre. Et le gros combat débute dans le bouillon, le frein est bien réglé. Il faut garder le poignet souple mais penser à brider tout de même pour ne pas se voir bloquer sur la berge par une grosse truite dévalant le courant. Je vois enfin son nez, c’est gros ! Dernier moment de frisson et la voici dans l’épuisette.

Premier gros combat de l’année pour cet étonnant bécard un peu faiblard.

Pour conclure cette première quinzaine de pêche aux leurres, il aura fallu être déterminé et très appliqué afin de réussir à sortir des poissons à chaque sortie. Savoir trouver les bon postes, lire correctement la multitude de veines d’eau dessinées par les cours d’eau déchainés et surtout user de tactique (pêcher lourd, en dérive et visible).
Mais la pêche à la truite c’est aussi ça. Analyser, comprendre le mouvement du poisson et réussir à déclencher son instinct de prédation dans toutes les conditions.

En tout cas c’est un réel plaisir que de renouer le contact avec ce poisson et cette technique  si passionnante qu’est la truite aux leurres ! L’année se lance parfaitement et promet de belles journées quand le temps et les températures se stabiliseront enfin !